La boutique Kitsch au centre-ville de Sherbrooke cherchait une maison Mid-Century Modern pour un photo shooting. Kitsch a utilisé notre maison pour son catalogue d'automne 2016. Vous pouvez voir les images ici sur leur facebook:

Crédit photo Alexis Lavoie Mannequin Mélissa Savard Maquillage par Roxanne SD – à Boutique Kitsch, 113, rue Frontenac, Sherbrooke. http://boutiquekitsch.com,
https://www.facebook.com/pages/Boutique-Kitsch/105839209476067

La toiture de notre maison est d'une originalité rare ici au Québec. C'est une toiture cathédrale inversée ou plus communément appelée toiture papillon (Butterfly Roof). C'est un modèle de toiture qui était répandu au milieu du siècle  surtout en Californie. Ce modèle fut popularisé grâce à l'architecte américain Wiliam Krisel qui a dessiné des modèles de maisons pour la compagnie Alexander Construction Company. Cette dernière aurait construit plus de 30 000  maisons de ce type dans la région désertique de San Diego et la Vallé de San Fernando en Californie. Krisel se serait inspiré de l'architecte suisse Le Corbusier qui aurait dessinée une maison au Chili en 1930, qui n'aurait jamais été construite. Les plans ont été repris pour une maison au Japon en 1945. Vous pouvez lire l'histoire de cette toiture sur cet article ici:
http://www.curbed.com/2014/12/22/10009194/le-corbusiers-forgotten-invention-socals-iconic-butterfly-roof

 Aujourd'hui c'est une toiture qui redevient prisée des architectes d'ici, car elle permet d'aller chercher une hauteur dans les fenêtres pour laisser entrer l'énergie solaire et en plus les drains de toit peuvent récupérer les eaux de pluies pour d'autres usages comme la toilette. Il reste encore du chemin pour convaincre les promoteurs immobiliers d'utiliser des modèles de maisons moins énergivores et plus écologiques. Les municipalités auraient à gagner à valoriser ce modèle de toiture et pourraient inciter à y combiner de la verdure pour faire des toitures vertes permettant de récupérer les eaux de pluie et désengorger les égoûts des villes et pour y installer également des panneaux solaires.

Voici d'autres exemples de toitures papillon sur ces liens:
http://www.trendhunter.com/trends/architectually-correct-baking-mid-century-modern-gingerbread-house

https://www.google.ca/search?q=butterfly+roof&biw=1277&bih=680&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwifgODumNfLAhWlyIMKHW8DBlgQ_AUIBigB

La façade de ma maison est chauffée par l'énergie du soleil l'hiver. Avec ses grandes vitres sur trois côtés, le soleil parcourt la journée en faisant le tour de la maison, entrant par toutes les fenêtres, et surtout par la façade qui est au sud ponctuée des plus larges et hautes ouvertures. Aujourd'hui, les maisons solaires passives sont populaires, surtout auprès des autoconstructeurs, car elles permettent une économie d'énergie. Ce type de construction n'est pas nouveau, il date des années 30 pour nous en occident, mais l'idée fut utilisée probablement depuis la nuit des temps...

L'information qui suit est tirée du livre : Denzer, Anthony., The Solar House, Pioneering Sustainable Design, Rizzoli New York, 2013. L'architecte américain George Fred Keck fut un des premiers à expérimenter et calculer le gain énergétique du soleil. En 1933 lors de l'exposition "Century of Progress" à Chicago, il présenta sa maison de verre intitulée "House of Tomorrow" avec laquelle il dit avoir découvert le chauffage solaire (p.36). Ensuite, en 1940, il a construit la maison Sloan exposant tout le côté sud aux rayons du soleil. Celle-ci fait plus de 100 pieds de long, sur un seul niveau, toutes les pièces ont une exposition au soleil avec de grandes fenêtres et une toiture au centre qui monte vers le ciel, allant chercher encore plus de lumière. C'est avec cette dernière maison qu'il dit avoir compris les subtilités de l'orientation de la maison, des fenêtres, des pièces et la géométrie des angles d'ombres (Ibid).

Après avoir construit sa maison de verre "House of Tomorrow", Keck a compris qu'une maison vitrée peut aussi apporter des problèmes de surchauffe en été et perte de chaleur durant la nuit en hiver (p.47). Une maison de verre est certes attirante, mais comme celle de Philippe Jonhson (Glass House construite en 1949) ou celle de Mies van der Rohe (Farnsworth's House construite de 1945 à 1951), sont des exemples de maison ayant une mauvaise performance au niveau énergétique. Ces maisons surchauffent l'été et perdent leur chaleur l'hiver. Les propriétaires de ces nouvelles maisons se sont bien sûr plaints des coûts énergétiques aux architectes (.47-48).

 
La maison solaire passive invite la chaleur du soleil l'hiver, car celui-ci est bas durant cette saison. L'été, l'astre est plus haut et donc l'architecte a fait le calcul de cette différence d'angle pour allonger le toit et empêcher le soleil de chauffer l'intérieur durant l'été. Avec ce design, Keck a permis au propriétaire d'économiser 40% sur sa facture d'énergie. Ce qui n'est pas négligeable!






(p.24)

Cet architecte a également expérimenté avec des méthodes de ventilation naturelles et un système de refroidissement avec une toiture recouverte d'eau, (la maison Bruning à Wilmette en Ilinois). Keck expliquait que la maison était alors rafraîchie par évaporation, un concept ayant été utilisé dans l'Égypte ancienne (p.43-44). Keck était vraiment un pionnier dans ce domaine!

En 1943, Frank Lloyd Wright a construit la maison "Solar Hemicycle" à Madison au  Wisconsin. Cette architecture en semi cercle imite le parcours du soleil. Plusieurs maisons de grands architectes ont poussé ce style. Les maisons solaires passives ont créé de l'intérêt, mais pas assez pour influencer l'urbanisation de la majorité des villes et des banlieues d'aujourd'hui. Avec la crise du pétrole en 1973, l'augmentation des coûts d'énergie à certes relancé l'intérêt pour ces maisons, mais ce n'est pas suffisant, il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire au niveau des villes, des contracteurs, etc.

(.42).

Depuis l'achat de notre maison, j'essaie de trouver plus d'informations sur  l'architecte qui l'a construite en 1960. En effectuant des recherches sur l'architecture moderne au Québec, je suis tombée sur une publication de do_co,mo.mo_Québec, Sur les traces du Montréal Moderne et du domaine de l'Estérel au Québec écrit par France Vanlaethem, Danielle Doucet, Sophie Mankowski et Conrad Galland. Le livre est publié par CIVA, Bruxelles, Belgique, 2007.

 Do_co.mo.mo est un organisme international avec des regroupements nationaux ayant pour but la sensibilisation et la mise en valeur du patrimoine moderne. Ce regroupement a vut le jour en 1988 ici avec la dénonciation par des architectes et chercheurs sur la rénovation du Westmount Square à Montréal afin de demander une rénovation dans le respect de cette oeuvre architecturale originale. Vous trouverez plus d'information à leur sujet sur leur site: http://docomomoquebec.ca/

La publication mentionnée plus haut regroupe par quartier à Montréal des exemples d'architecture moderne de bâtiments commerciaux, corporatifs et résidentiels. Dans les pages consacrées au quartier Rosemont, j'ai eu la surprise de voir un triplex construit par le même architecte J. Bernier. Ce bâtiment fut construit en 1962, juste après ma maison et on peut y voir plusieurs similitudes.

L'utilisation de deux couleurs de briques, jaunes et grises, dans la façade avec les grandes fenêtres en bois laissant les cadres bien visibles diviser la façade avec les briques sont très similaires. Voici la photo de ce triplex que vous pourrez comparer avec une image de ma maison prise en 1992. Le triplex est situé sur la rue Châtelain à Montréal juste en haut du parc olympique.

Voici la note bibliographique d'où la photo et l'information est tirée:
Photo du triplex de J.Bernier, 1962, 6720 rue Châtelain à Montréal, page 163. Photo Michel Brunelle.
livre: Sur les traces du Montréal Moderne et du domaine de l'Estérel au Québec, France Vanlaethem, Danielle Doucet, Sophie Mankowski, Conrad Galland, photographies Michel Brunelle, do_co,mo.mo_Québec, CIVA, Bruxelles, Belgique, 2007, 215 pages.

J'en profite pour vous mettre ici la page entière du document.